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LES CONTES DE NOS PÈRES.

Puis il ajouta dolemment.

— Il y avait trois grands jours que je n’avais mangé, mam’selle !

— Est-il possible ! s’écria Sainte.

— Voyez, reprit Jean, qui se leva et montra son costume d’un geste mélancolique.

Son habit d’officier royaliste était réduit à l’état de haillons ; son écharpe blanche, déchirée et noircie par la poudre, pendait en lambeaux autour de son corps.

— Qu’est-il donc arrivé ? demanda Sainte.

— De tristes nouvelles pour les amis du roi, mam’selle. Voilà trois jours que nous nous battons, ou plutôt que nous sommes battus. Le général *** est en campagne, le maudit Bleu !… Nous étions un contre quatre… Ah ! mam’selle Sainte, il y a bien des corps morts à cette heure sur la lande.

— Et mon père ? s’écria la jeune fille dans son égoïste tendresse.