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FORCE ET FAIBLESSE.
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comme un somnambule, dominé par le despotique fluide suit le magnétiseur qui l’appelle.

Reine, au contraire, en quittant la salle basse, ne put retenir un douloureux soupir, qui descendit jusqu’au fond du cœur de Bertrand.

Les deux fugitifs partirent. Bertrand, resté seul, croisa les bras sur sa poitrine. Il resta ainsi, les yeux au ciel et le visage content. Lorsque le bruit des lourds battants de la maîtresse porte du château lui apprit que les fugitifs étaient hors de danger, il remercia Dieu.


Il y avait des guirlandes de fleurs aux vénérables lambris du château de Saint-Maugon. L’or de l’écusson de Mauguer scintillait aux feux de mille flambeaux. La musique inondait les hautes salles où se pressait une noble foule. — C’était dix-huit mois après les événements que nous venons de raconter.

— Ma foi de Dieu ! disait le jeune M. de Kercornbrec, natif de Quimper, — M. le baron de Keruau peut se vanter d’avoir la plus belle femme de la Bretagne.

— C’est-à-dire la plus belle femme du monde ! solfia avec une excellente méthode le cadet de Trégaz, Nantais fort éloquent.

— C’est tout un ! nasilla le Rennais Châteautruhel.

Les gens de Vitré, de Saint-Brieuc, de Vannes et de Saint-Malo firent à ce sujet des observations analogues et qui ne méritent point d’être rapportées. Après quoi M. de Kercornbrec reprit, en grasseyant de la façon la plus remarquable :