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LE VAL-AUX-FÉES.

Et les trois fées de rire à briser les jointures fêlées de leurs côtes.

— À la bonne heure, dit Mêto. Alors tu seras bien aise d’apprendre de ses nouvelles ?

— Dites, oh ! dites, s’écria la pauvre fille.

— Écoute ! prononça emphatiquement Mêto, qui étendit son bras décharné vers la montagne où s’élevait le château de Lucifer.

Le fracas atteignait son comble. On eût dit qu’une attaque furieuse ébranlait les fortes murailles du manoir.

— Il est là ! poursuivit Mêto, entre le feu et le fer… La mort est suspendue au-dessus de sa tête.

Rachel, accablée, n’avait point la force de répondre.

— Ne voudrais-tu point le sauver ? demanda brusquement Reschine.

La jeune fille releva sa tête affaissée, et dit avec ardeur :

— Que faut-il faire ?

— Nous vendre ton âme, répondirent ensemble les trois fées.

Rachel mit la main sur son cœur, et fit un signe négatif.

— Mon âme est à Dieu, murmura-t-elle.

Gulmitte, Reschine et Mêto grondèrent sourdement et reculèrent d’un pas, comme si le nom de Dieu les eût effrayées.

Puis elles revinrent à la charge.

— Il est là, répéta Gulmitte en montrant le château.

— Entre le feu et le fer, ajouta Mêto.

— Et d’un mot tu pourrais le sauver.

— Ma vie ! s’écria la jeune fille ; ne pouvez-vous vous contenter de ma vie ?