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LES CONTES DE NOS PÈRES.

dée, suffit pourtant à Hervé de Lohéac pour en venir à ses fins. En fouillant, ses doigts rencontrèrent un objet résistant, qu’il débarrassa de la terre qui le couvrait encore. C’était une cassette.

D’un vigoureux coup de son bâton de pèlerin, Malgagnes brisa le couvercle du coffret, et des flots d’or ruisselèrent sur le sol.

Malgagnes et Mauron ouvrirent de grands yeux ; mais le vieux Lohéac ne parut point trop surpris.

— La terre était fraîchement remuée, murmura-t-il.

— Gloire à vous, notre bien-aimé voisin et ami ! s’écrièrent en même temps les deux barons, chez qui la joie remplaçait l’étonnement. Nous allons reprendre, à l’aide de cet or, l’apparence qui convient à notre rang.

— Ce sera bien fait, dit Lohéac.

— Nous allons nous montrer de nouveau à nos vassaux.

— Les éblouir !

— Les subjuguer !

— Et maître Lucifer verra beau jeu !

Ce disant, ils empilèrent les pièces d’or dans leurs besaces, et remontèrent la côte d’un pas si leste, qu’on eût pu croire que Mauron avait bu, Malgagnes mangé et Lohéac dormi à discrétion pendant une grasse semaine.

À peine avaient-ils disparu sous le taillis, qu’une feuille sèche s’agita auprès du trou, vide maintenant.

Sœurs, êtes-vous là ? dit une voix.
Nous y sommes, répondirent deux autres voix.

La feuille se souleva. Gulmitte, Reschine et Mêto, grosses chacune comme un pois, montrèrent tout à coup leurs grimaçantes figures.