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LES CONTES DE NOS PÈRES.

Le matin de ce même jour, quatre hommes vêtus de haillons misérables, qui gardaient la forme de manteaux de pèlerins, passèrent les portes de la ville de Rennes et prirent la route qui mène à Pontréhan. Leurs chaussures étaient blanches de poussière ; sans doute, ils n’avaient pris, la nuit précédente, que bien peu de repos, car leur apparence annonçait une extrême fatigue.

Trois de ces hommes étaient des vieillards. Le quatrième pouvait avoir vingt trois ans.

Ils commencèrent leur voyage de ce pas lourd et mesuré des gens pour qui la marche est une nécessité de chaque jour. Nulle parole n’était échangée entre eux. Ils allaient, silencieux et mornes, se signant dévotement aux croix des carrefours, en demandant parfois un morceau de pain à la porte des cabanes qui se trouvaient sur la route.

Arrivés entre Pontréhan et Guichen, à la hauteur du château de Lucifer, les quatre mendiants s’arrêtèrent.

— Voici le terme de mon voyage, dit le plus jeune ; — il faut nous séparer ici.

Les trois autres lui touchèrent la main.

— Bonne chance ! dirent-ils.

Et ils poursuivirent leur route du côté de Guichen.

— Bonne chance ! répéta le jeune homme, qui se dirigea vers le château de Lucifer.

Il était si las, qu’il eut peine à soulever le pesant marteau