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DIXIÈME NUIT

LOUIS XI ET SES ENFANTS



FRÈRE TRANQUILLE



QUATRIÈME PARTIE.

I

LA RUE SAINT-ANTOINE.


Il y a des quartiers heureux, qui ont cette bonne chance et cet honneur de n’avoir jamais servi d’asile à ces faquins enrichis par l’usure, insolents parvenus de l’escompte, épiciers bouffis, spéculateurs tranchants, qui en un jour honteux ont failli devenir l’aristocratie française.

Il y a des quartiers tarés pour la commandite, pour l’or mal acquis, pour le luxe blessant et la magnificence gauchement effrontée.

La Chaussée-d’Antin fut d’abord peuplée de cabarets ; les proxénètes y fleurirent ensuite dans les petites maisons du XVIIIe siècle, comme l’impure chenille au sein de son brillant réseau de soie. De nos jours c’est la patrie de la banque.

La noble rue Saint-Antoine, au contraire, fut la demeure des