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INTRODUCTION.

taient au combat les gentilshommes mousquetaires du roi. Jean-Michel Beaurand les prit toutes les cinq dans sa main et les présenta à Delapalme.

Celui-ci prit la première venue, et, dès qu’il la tint entre ses doigts, le sang revint à ses joues.

— Oh ! oh ! dit-il en respirant fortement, — merci, mes amis… Dieu vous donne une bonne mort !

Puis il ajouta :

— Vous voilà six braves hommes… Je vous prie, laissez-moi passer mon chemin.

Ce n’était déjà plus une humble prière.

Il essayait son épée contre la terre du chemin.

L’épée était bonne.

Pierre Couëton avait ôté son feutre. Il y avait jeté six petits morceaux de papier roulés. Sur chaque morceau de papier était écrit le nom d’un des maîtres d’armes.

Tout en remuant son feutre, Pierre répondit :

— Non, tune passeras pas ton chemin, François… Il faut que tu décèdes ici pour tout le mal que tu nous as fait !

Delapalme regarda autour de lui pour bien se rendre compte de sa situation.

— Si vous essayez de vous en aller, monsieur François, dit Jean-Michel Beaurand, qui avait été deux ans son prévôt de salle, nous vous piquerons tous à la fois.

— Et si je n’essaie pas de m’en aller ? demanda Delapalme.

— C’est réglé, répondit Pierre Couëton.

En même temps, il présenta son feutre à Jean-Michel, qui tira les six petits morceaux de papier l’un après l’autre.

Le premier nom qui sortit fut justement le sien.

Il connaissait trop bien son ancien patron pour ne pas voir clair en son affaire.

— Vous voyez bien que je n’ai pas triché, dit-il en souriant