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INTRODUCTION.

— Holà ! mon pauvre François, dit l’un des six inconnus d’un accent goguenard, — voilà ton bidet en mauvais état, sans mentir.

— Est-ce donc vous, Pierre Couëton ? demanda François Delapalme.

— Oui bien ! c’est moi, mon bon maître, répliqua Pierre Couëton ; — et je vous souhaite à l’occasion une mort chrétienne.

Les cinq autres se mirent à ricaner.

— Que me voulez-vous ? demanda encore Delapalme.

— Rien de mauvais, mon excellent maître… Nous voilà ici une demi-douzaine d’honnêtes compagnons qui avons juré notre foi de Dieu que vous ne coucheriez pas cette nuit dans votre lit.

— Est-ce une bombance que vous me proposez ?

— Oui bien, mon maître : bombance de coups, si vous voulez.

Delapalme n’avait pas d’épée.

Il connaissait la haine de ses confrères contre lui, et Pierre Couëton était un de ses confrères.

Il crut à un assassinat.

— Sainte Vierge, dit-il, protégez-moi !

Et se tournant vers les cinq muets qui l’entouraient, il ajouta :

— Qui que vous soyez, ne me donnerez-vous point le temps de confesser mes péchés à un prêtre ?

Un long éclat de rire accueillit cette parole.

— Tes péchés ! s’écria Pierre Couëton, qui laissa son accent railleur pour donner cours à sa haine jalouse ; — tes péchés, je vais les confesser pour toi… C’est d’abord d’être un vaniteux croquant, puisque tu te vantes de mettre à mort tous les prévôts de la ville de Paris… C’est ensuite, et pour la même raison, d’être un méchant menteur… C’est de gagner les doublons de la cour, quoique tu sois manchot du poignet à l’épaule… C’est…

Mais nous vous faisons grâce du reste des griefs de Pierre Couëton.

Vadius peut être maître d’armes, et Trissotin prévôt de salle.