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LES NUITS DE PARIS.

va l’essayer, — car la femme est un être vaillant qui du premier coup tente toujours l’impossible !

À cet instant un craquement lointain se fit entendre : c’était le pont-levis du Louvre qui pivotait sur son axe rouillé.

— La voilà qui revient !… dit Philippe-Auguste en regagnant son siège — moyennant quelques écus au soleil, les gardes de la porte seront discrets… je ne saurai rien.

Il se prit à rire.

Un bruit léger, presque imperceptible se fit, de l’autre côté de la draperie d’or.

— Seule !… pensait cependant Philippe qui en revenait toujours là — à pied !… dans la rue de la Calandre !… à dix heures de nuit !

La draperie se souleva doucement et la figure d’Agnès apparut souriante.

— Ai-je assez attendu ?… dit-elle en faisant sa voix caressante et douce.

— Vous attendiez, ma belle mie ?… répliqua Philippe-Auguste avec une douceur également caressante.

— J’ai toujours peur, dit Agnès en entrant — de voler au royaume de France une part des heures que mon bien-aimé sire consacre à la félicité de son peuple.

Elle tendit son front où le roi déposa un tendre baiser.

— Il ne sait rien… pensa-t-elle.

Le roi pensait :

— Seule !… à pied !… à dix heures de nuit !… dans la rue de la Calandre !…


FIN DU TOME SECOND.