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lxix
INTRODUCTION.

— L’a-t-il menée chez lui ?

— Non.

— Où l’a-t-il menée ?

— On dit, répliqua le pauvre Bastîen, que maître Antoine a un val d’amour derrière la Belle-Chasse, de l’autre côté du Pré-aux-Clercs.

— Viens ! s’écria Dominé, qui ne lui en laissa pas dire davantage ; — le Pont-Barbier est fermé de nuit… Ils seront forcés de prendre un bac… Satan aura l’âme du procureur, ou je perdrai mon nom !

Bastien se signa.

On laissa l’église ouverte à la garde de Dieu.

Le bedeau et son neveu s’élancèrent dans la rue d’Orléans et gagnèrent les abords de la Seine par la rue des Poulies-Saint-Honoré.

Ils se trouvèrent en face de la tour de Nesle.

Le Pont-Barbier était situé, à peu de chose près, au même endroit que notre Pont-Royal. C’était la route directe pour traverser ce qui restait alors du grand Pré-aux-Clercs et gagner la Belle-Chasse par les derrières de Saint-Joseph.

Du Pont-Neuf au Pont-Barbier, il n’y avait aucun moyen de traverser la Seine, sinon par bateaux.

De quais, pas de trace.

En arrivant sur la berge, comme il faisait grande lune, Dominé et Bastien virent un bateau qui laissait la tour de Nesle à sa gauche et se dirigeait vitement vers la rue des Jacobins Réformés.

Les yeux du bedeau étaient un peu fatigués par l’âge.

— Dis-moi ce que tu vois ! murmura-t-il en serrant le bras de Bastien.

— Je vois, répondit le jeune homme, je vois la grande taille du brigand et la pauvre camisole blanche de Minette.