Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxi
INTRODUCTION.

Le consentement de son père ! le bonheur !

Et maintenant Henri était là avec une épée dans la poitrine.

Elle entendit en ce moment un bruit de pas précipités qui traversaient le bosquet derrière elle. — Elle ne se retourna point.

Que lui importait cela ?

Les pas se rapprochaient, cependant. — Un grincement de fer se fit.

Un homme vint tomber à quelques pieds d’elle avec un grand coup de couteau dans la gorge.

Cet homme tenait un portefeuille dans sa main crispée.

— J’ai toujours eu envie d’avoir un million à moi tout seul ! grommela une voix avinée derrière les arbres.

M. le vicomte d’Harmont, autrement dit Moutan, parut dans le crépuscule.

Éléonore ne le connaissait pas.

Mais ce mot : Un million ! semblait être le nœud fatal de toutes ces sanglantes comédies.

Moutan, qui était ivre, s’avança sans voir Éléonore.

Lamalgue, — c’était lui qui avait ce grand coup de couteau dans la gorge, — Lamalgue ne bougeait plus.

Moutan disait :

— Tu m’as gagné le million aux cartes !… mais je te l’ai regagné au couteau !…

Il riait.

Il se baissa vers Lamalgue pour saisir le portefeuille.

À cet instant, Lamalgue se dressa comme si an ressort d’acier se fût détendu en lui.

Il plongea son poignard jusqu’au manche dans le cœur de Moutan et retomba mort.

Ils étaient couchés en croix, l’un sur l’autre, Lamalgue et Moutan. — Le portefeuille gisait à terre.