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INTRODUCTION.

d’un homme, auprès duquel Éléonore avait fait tous ces beaux rêves.

Et cet homme était le pauvre Saulcy-Lagaronnays qui était venu au lieu du rendez-vous pour se donner de son épée à travers le corps.

Il ne respirait plus.

Éléonore tomba près de lui, demi-morte.

Cependant elle eut la force de mettre la main sur le cœur de son amant.

Ce cœur battait encore, — mais si peu !

— Henri !… Henri !

Hélas ! Henri ne pouvait répondre.

Et la belle Baradère, brisée par son angoisse, était incapable d’aller chercher du secours.

Elle se disait :

— Heureusement que je vais mourir là, près de lui !


XXX.

Les premiers rayons du jour filtraient à travers les branches des arbres.

Éléonore aperçut auprès de la main toute pâle de Lagaronnays un objet blanc.

Un carré de papier où quelque chose était écrit.

Elle l’approcha de ses yeux baignés de larmes.

« Adieu ! disait le pauvre chevalier ; deux misérables m’ont volé mon portefeuille où il y avait un million… Sois bien heureuse !… Adieu ! »

— Sois bienheureuse ! répéta la belle Baradère, qui se tordait les mains.

Et involontairement, elle songeait :

— Un million !… il y avait un million dans le portefeuille !