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INTRODUCTION.

— C’est cela, riposta Bandolini : partageons.

Moutan mit sa large main sur le portefeuille.

— Non pas ! s’écria-t-il.

Il tira de son sein un brave poignard, et le ficha dans le bois de la table.

— J’ai toujours eu envie d’avoir un million à moi tout seul, reprit-il.

Bandolini n’eût pas été de son pays s’il n’avait eu, lui aussi, un poignard dans sa chemise.

Il en atteignit un très-respectable, et l’enfonça résolument dans le bois.

— C’est comme moi, dit-il.

— Jouons donc, répliqua Moutan ; et celui qui trichera…

Il montra du doigt son poignard, qui tremblait sur sa pointe aiguë.

— C’est bon… dit l’Italien ; — puisque tu veux jouer, jouons.

— Combien à la fois ?

— Tout !… Et celui qui trichera !…

À son tour, il montra la lame large et tranchante de son poignard.


XXIX.

Quatre heures du matin sonnaient à l’horloge de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.

La porte d’une maison de riche apparence, située derrière le couvent des Filles-Dieu s’ouvrit doucement et une belle jeune fille sortit, regardant tout autour d’elle d’un air effrayé.

Les alentours étaient déserts.

Il y avait bien de la joie parmi l’effroi de la belle jeune fille.

Elle s’élança d’un pas léger vers les bâtiments du couvent, tourna le mur d’enceinte, traversa les terrains où passe maintenant le boulevard de Bonne-Nouvelle, et où déjà quelques maisons s’é