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INTRODUCTION.

— À demain !

La belle Baradère lut et faillit s’évanouir de joie.

Quant à Lagaronnays, il fit comme il avait dit.

À dix heures sonnantes il avait son million gagné.

Vive M. Law ! vive M. le régent ! et vive M. Labastide, leur contrôleur !


XXVIII.

Pendant cela, dans la chambre la plus brillante du cabaret du Grand-Saint-Merri, deux gentilshommes assez bien couverts achevaient leur souper.

Il y avait dans ce séjour éminemment graisseux beaucoup d’autres gentilshommes et bon nombre de coquines, mais nous n’avons pas à nous occuper de ces gens-là.

Il nous suffit de M. le chevalier de Lamalgue et de M. le vicomte d’Harmont : deux nobles jeunes gens qui buvaient comme il faut leur dernier verre de Champagne.

Autour d’eux, on jouait, on chantait, on criait ; ils ne se mêlaient pas à tout cela.

Vous savez l’histoire de ce bossu de la rue Quincampoix, lequel bossu gagna soixante mille livres de rente, rien qu’à louer sa bosse pour servir de pupitre aux joueurs ?

Ce bossu était là, le drôle ; et, moyennant quelques écus, il forçait une charmante fille à lui dire qu’il était joli garçon.

Voilà de ces plaisirs éminemment parisiens ! et plus monstrueux, au fond, que les fantaisies de Caligula, que les extravagances d’Héliogabale !

Avec ses soixante mille livres de rente, ce bossu donnait des démentis au bon Dieu !

Lamalgue et d’Harmont, cependant, nos deux seigneurs, avaient