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xlviii
INTRODUCTION.

— Écoute, dit-elle, — peut-être que tu gagneras comme M. de Montméril… Tiens !…

Elle détachait ses bracelets d’or.

— Tiens ! tiens !…

Elle ôtait ses pendants d’oreille et la boucle de sa ceinture.

— Tiens ! tiens ! tiens !

Elle dégrafait sa broche et sa petite montre, entourée de perles fines, et le collier caché par sa mante de nuit.

— J’arrivais du bal, reprit-elle, quand l’heure de venir a sonné… Je suis venue… Et n’est-ce pas déjà du bonheur que j’aie sur moi tous ces bijoux ?… Prends-les, vends-les… et que Dieu ait pitié de nous !

Lagaronnays hésitait.

Éléonore tenait dans ses mains, qui tremblaient d’impatience, son bracelet, ses pendants d’oreille, son collier, tout enfin, et son petit pied colère frappait le sol.

— Prends !… mais prends donc ! répétait-elle.

L’aube blanchissait derrière la porte Saint-Denis.

Et vous savez comment Juliette devient tout à coup plus passionnée à la première menace du jour qui va paraître.

La belle Baradère jeta ses deux bras autour du cou de son amant et l’attira contre son cœur en un long baiser.

— Tu ne m’aimes donc pas ! murmura-t-elle avec des larmes dans les yeux.

— Moi ! ne pas t’aimer !…

— Je te dis de prendre… Il y a dans mon cœur une voix qui me crie : Nous serons heureux !… nous serons heureux !

— Que le ciel t’entende, Éléonore !

— Le jour vient, reprit-elle ; — dépêche-toi… Faut-il donc te dire que si je ne suis pas à toi, je mourrai ?

Lagaronnays l’enleva dans ses bras.