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INTRODUCTION.

Quand il y eut vingt cabanes, on choisit un chef.

Ce chef eut une maison : le premier monument de Paris !

Puis des siècles passèrent.

Et César vint, — puis Julien l’Apostat, — puis Pharamond…

Puis M. de Rambuteau, à qui Ton doit la rue d’Arcole, et aussi la rue de Constantine, ainsi nommée parce qu’elle fait face au Palais de Justice.

Nos vieux rois habitèrent longtemps cette forteresse de la Cité. Il y eut là des joutes chevaleresques avant les joutes de procédure que nous y voyons aujourd’hui.

Les paladins de la Table-Ronde foulèrent ce sol où boitent nos avoués.

Renaud, Roland, Olivier, vinrent y abaisser leurs épées devant le grand empereur d’Occident, Charlemagne.

Mais suivons cette voie romaine qui se nomme à présent la rue de la Barillerie ; engageons-nous avec précaution dans la rue de la Harpe, fréquentée par des étudiants, des professeurs, des courtisanes (et quelles courtisanes, puisqu’elles sont réduites, les misérables ! à des étudiants et à des professeurs !) ; montons cette rampe infecte qui conduit à la place Saint-Michel.

Nous touchons aux limites de notre moitié de Paris.

L’Odéon que voilà marque la frontière.

Le palais du Luxembourg, que l’on a augmenté aussi, hélas ! afin de l’embellir, est comme un ouvrage avancé que la vieille ville projette hors de ses limites.

L’Odéon et le Luxembourg ! — La pairie morte et la tragédie ressuscitée !…

Il faut pourtant bien en parler, de ce Panthéon. — Panthéon, que me veux-tu ?

N’ai-je pas vu ton fronton triangulaire à la Madeleine, et n’ai-je pas vu le fronton triangulaire de la Madeleine n’importe où ?

Ces défroques de l’art païen ne courent-elles pas nos rues, et