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INTRODUCTION.

et du vieux Milliau d’Alègre. Ce drame qui commença devant l’Arsenal et finit près d’une fosse mortuaire, creusée dans la chapelle des Célestins. —

Une autre clarté, cependant, appelle nos regards au bout de la rue Saint-AnToine, par-delà ce noble quartier du Marais, livré aux railleries des sots, — par-delà ces vieilles et sombres voies où se retrouvent encore aujourd’hui des palais ignorés, des hôtels dignes de loger un roi.

Cette autre clarté, c’est l’Hôtel-de-Ville, dont la façade est couverte de lampions municipaux.

L’Hôtel-de-Ville a toujours pris au sérieux toutes les illuminations.

Les jours où l’Hôtel-de-Ville ne tire pas sur le Louvre ou sur le palais de l’Assemblée nationale, l’Hôtel-de-Ville est raide, formaliste, empesé, comme un bourgeois fourvoyé chez un prince.

Il sent bien qu’il lui faut fêter avec ostentation les époques officielles pour faire oublier un peu sa renommée de palais mauvaise tête et de monument tapageur.

Quand l’Hôtel-de-Ville se dressait isolé, sur cette place de Grève aux aspects bizarres, c’était le plus charmant de tous les édifices parisiens.

On l’a augmenté ; on a bien fait peut-être, car il faut des salons aux préfets.

C’est une nécessité de premier ordre.

Pour se procurer ces salons indispensables, tout est permis.

Et pourtant, nous prendrons la liberté d’exprimer un regret timide. Pour rendre plus gros un diamant de prix, est-il décent de l’entourer de strass ?

Si vous avez un habit trop court, un habit de beau drap l’allongez-vous avec du camelot ?

Les agrandissements de l’Hôtel-de-Ville auraient pu être plus malheureux : d’accord.