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xxxviii
INTRODUCTION.


XXII.

Tout près de cette rue Saint-Antoine, si pleine d’aventures, nous trouvons la place Royale, plus pleine encore.

Histoires galantes, duels au soleil ou aux flambeaux, intrigues, assassinats, carrousels !

Un hôtel royal au-devant (l’hôtel Saint-Paul), un château royal par derrière (le château des Tournelles).

Au coin de la rue de ce nom, le jeune Schomberg, Entragues et Ribérac rencontrèrent, l’épée d’une main, la dague de l’autre, Maugiron, Quélus et Livarot, les trois favoris de Henri III.

Le combat fut épique et je crois qu’Alexandre Dumas l’a raconté en deux traits de sa plume brillante.

Henri III fit tailler en marbre ses pauvres amis déconfits. — Marion Delorme, la belle Marion avait une maison à la place Royale, non loin de cette autre maison où Victor Hugo composa le beau drame qui porte le nom de l’Aspasie française.

M. le cardinal de Richelieu avait aussi une maison qui n’était pas bien éloignée de la maison de Marion.

On en a fort médit, comme parle Tallemant des Réaux.

Mais de qui et de quoi n’a-t-on pas médit, grand Dieu !

De l’autre côté de la rue Saint-Antoine, tout près de la rivière et devant ce vieux Mail de Henri IV qui vient de disparaître, laissant parmi les pierres de taille quelques peupliers géants, s’élève l’Arsenal. C’était le monument et le quartier à la mode sous Charles IX ; on se promenait sur le quai des Célestins, planté d’arbres magnifiques, comme nous nous promenons entre les manches à balais qui ombragent le rez-de-chaussée de la Maison d’Or.

Les Nuits de Paris nous ramèneront ici bien souvent. Nous raconterons, entre autres, le drame terrible du baron de Vitteaux