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Sur le fleuve, une nef parut, une nef d’azur ornée d’arabesques d’argent.

Gisel et Robert y montèrent.

La forme blanche s’envola et les gardes entendirent la voix de Gisel qui disait :

— Merci, ma mère !…


La nef d’azur glissa sur l’eau tranquille du fleuve. Quand les gardes songèrent à bander leurs arbalètes, les deux fugitifs étaient hors de portée.

Gisel emplit d’eau la coupe de Merlin.

— Connais-tu la vertu de cette coupe ? demanda-t-elle.

— Je la connais, répondit Robin qui réchauffait sa belle fiancée contre son cœur.

— Veux-tu que nous partagions ce breuvage ?

Robert lui donna le premier baiser.

— J’ai confiance ! dit-il.

Gisel renversa la coupe et répondit avec son céleste sourire, en rendant le baiser qui les faisait époux :

— J’ai confiance !

Ils n’avaient pas besoin, les deux amants heureux, de la coupe qui forçait la tendresse.

Gisel s’agenouilla au fond de la nef et laissa tomber la coupe dans le fleuve.

La forme blanche aux grandes ailes déployées reparut dans l’air, et cette fois, monta vers le ciel, tandis que la douce voix d’Aïda, traversant l’espace, arrivait jusqu’à la nef d’azur et disait :

— Merci, ma fille !


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