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INTRODUCTION.

Comme madame de Sévigné vous raconte cette mésalliance !

Enfin, Mademoiselle avait un mari.

Cela suffisait à son cœur.

Mais quel mari, grand Dieu !

Tous les dictionnaires, tous les ana, toutes les encyclopédies à l’usage des gens du monde, rédigés par une Société d’hommes de lettres et de savants, s’accordent à raconter le fait suivant, qui est horrible.

M. de Lauzun, ce gentillâtre, battait la fille du duc d’Orléans, la nièce d’Anne d’Autriche, la cousine de Louis XIV !

À une autre époque, on dit, du reste, qu’une autre fille de la maison d’Orléans, une sainte, celle-là, qui porta le bandeau royal comme une couronne d’épines, et dont la mort prématurée mit tout un peuple en deuil, — on dit que cette autre princesse fut aussi battue, battue cruellement, battue par son mari !

Mais ce doivent être des calomnies.

Nous ne voulons pas le croire.

Nous ne voulons pas croire non plus que M. de Lauzun ait dit un soir à sa femme, en se jetant sur un fauteuil :

— Henriette de Bourbon, tire-moi mes bottes !

Si M. le duc de Lauzun a dit cela, M. le duc de Lauzun n’était pas un gentilhomme !

Sa mère l’avait fait avec son cocher, une nuit qu’elle était ivre.

Ces ignominies sont bonnes pour un escompteur en goguette ou pour un laquais qui se venge.

Non, nous ne voulons pas croire cela !

Il est vrai que si ce Lauzun fut coupable, il a été bien durement puni, car tous les vaudevillistes l’ont pris pour héros de leurs petites histoires imbéciles.

Cela doit bien fatiguer un pauvre défunt dans sa tombe.