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xxxiv
INTRODUCTION.

Anne d’Autriche vint au cardinal, et lui dit à son tour :

— Il faut pourtant que ma nièce de Montpensier se marie !

Vous savez si M. le cardinal avait quelque chose à refuser à Madame la reine-mère.

Il lui baisa la main avec bien du dévouement.

Et Mademoiselle ne s’en maria pas davantage.

Que dire ? tout le monde s’en mêla.

Mais Mademoiselle garda sa virginité détestée.

Enfin un jour, elle écrivit à M. le cardinal pour lui demander une entrevue.

Le cardinal était naturellement tout entier aux ordres de Mademoiselle.

Il s’empressa d’accorder l’entrevue demandée.


XX.

C’était dans ce château de Popincourt, où M. le cardinal avait montré jadis au jeune roi Louis XIV le combat du faubourg Saint-Antoine.

M. le cardinal se retirait là parfois pour travailler et méditer à l’aise, loin des courtisans importuns.

C’était un homme d’étude et de beaucoup de philosophie.

Il faisait nuit quand la fille du duc d’Orléans fut introduite.

On ne peut pas dire qu’elle fût extrêmement belle, mais elle était assez découplée dans sa taille, qui avait cependant quelques défauts ; son œil était hardi, presque imposant. Deux cents ans plus tard, cette princesse d’Orléans eût figuré assez bien dans un de nos clubs de femmes.

On reconnaissait en elle l’amie du duc de Beaufort, la libre pucelle qui se jetait volontiers entre deux adversaires, et accommodait les soufflets à ravir.