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INTRODUCTION.

Mais, voyez ! Il se présentait toujours quelques difficultés.

Tous les princes de l’Europe avaient été passés en revue, car il fallait une tête couronnée à Mademoiselle, — la grande Mademoiselle ! comme dit cette impitoyable marquise de Sévigné.

Tous ! On avait cherché en Angleterre, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Suisse et ailleurs.

Je crois même que M. le cardinal avait un peu proposé le Grand-Turc.

Seulement, dès que Mademoiselle disait oui, et Mademoiselle ne disait jamais non, M. le cardinal trouvait toujours un excellent prétexte pour rompre la négociation commencée.

C’étaient des raisons d’État !

Il n’y a rien à faire contre les raisons d’État !

Cependant, Mademoiselle prenait la fringale. Ce célibat forcé l’affolait. Elle allait partout appelant un mari, quel qu’il fût, le demandant aux dieux, le demandant aux hommes.

Comme elle savait que le roi trouvait la petite Navailles charmante, et que la petite Navailles aimait d’amour M. de Dampierre, un pauvre cadet, elle dit à la jeune fille :

— Le jour de mon mariage, Dampierre sera duc, ma belle mie !

C’était tentant.

Une ravissante fille que cette demoiselle de Navailles !

Petite, gracieuse, mignonne, blonde, toute souriante et toute accorte.

Je ne sais ce qu’elle fit, mais le roi vint, et dit à M. le cardinal :

— Il faut pourtant que ma cousine de Montpensier se marie !

Jamais, au grand jamais, — depuis que les ongles étaient poussés au jeune roi, — M. le cardinal ne lui résistait.

Il s’inclina en signe d’obéissance.

Mais Mademoiselle resta fille.

M. de Dampierre était au mieux avec quelque demoiselle de la reine-mère.