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INTRODUCTION.

crièrent : Vive le roi ! comme s’ils eussent été toute leur vie de la vache à Colas.

Cormiaux, le mendiant boiteux, tua le cadet de Maistre d’un coup de hache, et fut broyé sous la porte même.

Ses soldats déguenillés disparurent on ne sait où.

Car personne n’a su dire au juste jamais d’où ils viennent, où ils vont, ces redoutables auxiliaires de l’ambition et de la haine. —

Pendant les guerres de la Fronde, le prince de Condé, battu par Turenne, fit sa retraite dans Paris par le faubourg et la porte Saint-Antoine.

« Il rentra dans Paris, dit un de ses compagnons, comme un dieu Mars, montée sur un cheval plein d’écume, la tête haute et élevée, tout fier encore de l’action qu’il venait de faire. Il tenait son épée à la main, tout ensanglantée du sang des ennemis, traversant les rues au milieu des acclamations et des louanges qu’on ne pouvait se dispenser de donner à sa valeur et à sa bonne conduite. »

À sa valeur, d’accord.

Mais à sa bonne conduite ?… Ni les mazarins, ni les partisans des princes ne se conduisirent très-bien dans cette guerre de haute comédie, où personne ne songeait beaucoup à la France.

Mais les acclamations et les louanges n’ont jamais manqué dans ces latitudes parisiennes à ceux qui tiennent haut une épée tout ensanglantée du sang des ennemis.

Même quand ces ennemis portent l’uniforme du soldat français.


XVIII.

Turenne, vainqueur, concentrait ses forces, et entourait de tous côtés Condé, dont l’armée étouffait dans la rue Saint-Antoine.