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INTRODUCTION.

giquement dans le plan noir de Paris, c’est le faubourg Montmartre, prolongé par la rue du même nom, le Pont-Neuf, la rue Dauphine et la rue d’Enfer.

Ces diverses voies, qui ne se font pas suite exactement l’une à l’autre, mais qui continuent la même direction, s’aperçoivent en parfait raccourci.

L’œil ne perd pas un seul de leurs réverbères. La série lumineuse, formée par leur parcours, divise des l’abord Paris en deux moitiés dont l’une va finir à Bercy, tandis que l’autre confine à Grenelle et enveloppe les hauteurs de Chaillot.

De quelque façon que l’on considère cette division, elle est à la fois naturelle et logique.

La moitié orientale, c’est le vieux Paris ; la moitié occidentale, c’est le Paris neuf, élégant, fardé de plâtre, sculpté dans le biscuit, le West-End parisien, la demeure de toutes les aristocraties.

À part Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Germain-des-Prés, le Louvre et les Tuileries, déjà bien modernes, cette vaste portion de la ville date d’hier, tous ses monuments affectent un style plus ou moins grec. La colonne ordonnée y domine ; le portique y abonde.

La Bourse ressemble à la Madeleine.

Dans la portion de l’est, au contraire, dans toute cette partie qui s’étend à gauche de notre principale ligne de démarcation, ce qui domine, c’est l’art ancien, l’art français ou si mieux vous aimez, l’art barbare, car il est évident que ce nom de gothique, donné à l’art splendide qui édifia nos cathédrales, est une pure et simple injure, inventée par les fanatiques du corinthien, du dorique et du composite.

Qu’il soit appelé sarrazin, espagnol ou chinois, cet art, qui exalte l’imagination et pousse l’esprit vers les contemplations mystiques, est l’art religieux par excellence ; ces vilains tas de pierres