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xxiii
INTRODUCTION.

Le tout habillé de cette souquenille noire qui est le manteau de la Philosophie.

Il n’a pas d’épée, ce génie ; il n’a pas d’or non plus ; il n’a qu’une énorme liasse d’almanachs dont il menace sans cesse les maisons sur son passage.

Il va au hasard, poussant des cris de chouette. — Quand il passe au-dessus de la croix des églises, il hurle comme le diable pris dans un bénitier.

Dieux immortels ! pensais-je, à la vue de cet effroyable animal ; — donnez-nous la Discorde sanglante… donnez-nous la honteuse Corruption… mais délivrez-nous de ce professeur !


XIII.

Car ce génie était un professeur !

Je l’avais deviné à sa bouche humide de fiel, à son regard venimeux et aux contorsions qu’il faisait en passant devant la croix des églises.

Et ce professeur a fait plus de mal, lui tout seul, dans la succession des âges, que le génie de la révolte et que le génie de la richesse criminelle.

Car ce professeur, spéculateur effréné, malgré sa constante misère, envenime à la fois l’instinct corrupteur de la richesse et l’instinct jaloux de la souffrance.

Si les deux autres génies ont brisé les trônes terrestres, celui-là a perdu ses dents venimeuses à vouloir mordre le trône de Dieu.

Regardez-le bien : c’est le docteur pharisien qui dressa au Calvaire la croix de Jésus-Christ.

C’est le bonnet fourré de l’université athée.

C’est le bavard brouillon et impur qui a jeté son cri de chacal