Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xvii
INTRODUCTION.

la barrière du Trône, et mettait une étincelle au front doré du génie de la place de la Bastille.

Enfin, un troisième rayon, s’allumant juste en face de Montmartre, éclaira Paris à revers et détacha la silhouette sombre des monuments de la vieille ville.

C’était un spectacle étrange et symbolique.

Les symboles que l’on cherche laborieusement, vous pouvez en faire fi.

Mais les symboles qui sautent aux yeux et saisissent l’esprit de force, il faut bien les accepter.

Ces trois points soudainement illuminés, qui les avait choisis ?

Le Hasard, ce sobriquet que l’on donne à Dieu.

Eh bien ! le Hasard avait fait ici un choix solennel et plein d’enseignements.

C’était comme une révélation éblouissante des trois forces vives de la cité.

C’était aussi comme une menaçante manifestation des trois antagonismes d’où naquirent tous nos malheurs.


VIII

Là-bas, à la barrière du Trône, ce flambeau qui s’allume, c’est le flambeau du peuple.

Du peuple fort, courageux, résigné, — rude en sa vertu jalouse — mais simple, et livrant toujours son ignorance aux lâches suggestions des rhéteurs.

Ce flambeau éclairait le faubourg Saint-Antoine, la citadelle des batailles populaires, le faubourg Saint-Antoine, au bout duquel était la Bastille, — le faubourg Saint-Antoine, qui eut son pavé rougi de tant de sang, depuis celui du prévôt Étienne Marcel, au