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INTRODUCTION.

beaucoup trop fréquentée, et je commençais à regretter la belle nuit du boulevard, lorsqu’un rapide rayon traversa les ténèbres.

Un monde, un véritable monde sortit de cette nuit.

Je ne parle plus ici de la butte Montmartre, qui contenait en effet un monde, mais un monde assez laid. — Je parle de Paris, jaillissant tout à coup hors de sa nuit et montrant son plan fier, jalonné d’innombrables monuments.

Paris, la ville souveraine, Paris de pierre, de fer, de marbre, qu’il ne faut jamais confondre avec Paris humain, avec Paris marchand, lions, gamins et lorettes.

Paris, qui a vingt siècles d’âge, et qui grandit encore.

La cité magnifique et gaie, la cité rieuse et grandiose.

Paris, l’amour des rois, l’amour du peuple ; — Paris, le paradis des femmes jolies, l’arène des hommes forts.

Le grand cirque des lutteurs de l’intelligence !

Paris de Jules César, — Paris de Charlemagne, — Paris de saint Louis, de François Ier, d’Henri IV, — Paris de Robespierre, — Paris de Charles X !

Paris de Notre-Dame et du Louvre, — Paris de la colonne tant admirée, tant raillée, — Paris de la Bastille morte et des Tuileries immortelles !

Paris, le grand, le beau, l’admirable !…


VII.

Ce rayon, rapide et vif comme un éclair du ciel, c’était le feu d’artifice qui s’allumait à la place Louis XV, montrant au loin la Chambre des représentants, blanche et pâle, en tête de la ligne des quais, derrière les arbres des Champs-Élysées.

Une seconde après, un autre rayon, plus lointain, s’élançait de