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INTRODUCTION.

Du faîte élégant et brillant jusqu’aux atroces profondeurs où plonge à peine l’œil ouvert de la police, c’est le même être, ce sont les mêmes veines et le même sang.

Il faut donc embrasser Paris d’un seul et hardi regard pour le bien connaître.

Mais ce n’est pas tout.

De même que l’enfance humaine devient jeunesse, la jeunesse virilité, la virilité vieillesse, et la vieillesse caducité, sans qu’il y ait mutation d’individu, sans que l’enfant, l’adolescent, l’homme et le vieillard cessent d’être une seule et même personne ;

De même, le Paris enfant de César, le jeune Paris de Charlemagne, le Paris viril de Louis XIV, et le Paris un peu vieilli déjà de Louis-Philippe forment une entité indivisible, une seule et même vie qu’il faut écrire d’un jet.

Et si vous multipliez le nombre fantastique qui désignerait les faits contemporains, comiques ou tragiques, — les actions, — les drames en un mot, par cet autre nombre plus certain qui traduirait la succession des âges et additionnerait les unités de temps, si, dis-je, votre esprit pouvait combiner cette opération prodigieuse, tâchez d’entrevoir à quel résultat vous arriveriez !

Et quelle féerie sans nom se jouerait, en des milliards de tableaux changeant à vue, sur ce merveilleux théâtre, l’enceinte parisienne !

Un jour, l’idée nous est venue de soulever un pan du rideau de cette immense scène, et nous avons commencé ce livre : les Nuits de Paris. — Que d’autres fassent le drame tout entier ; nous avons, nous, assez de quelques scènes.


VI.

C’était un soir de fête publique, — royale ou républicaine, — cela importe peu.