Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xi
INTRODUCTION.

suivant exactement la même route que Marie, et obéissant à la même loi mystérieuse de gravitation, arrivent aussi jusqu’à Polyte, qui est ainsi l’héritier fatal de M. le comte.

Cela est réglé dans l’échelle parisienne, qui ne se refait pas tous les jours.

Des pieds et de la tête de Polyte, les bottes et le chapeau de M. le comte ne font qu’un saut dans la hotte du chiffonnier, qui est le pendant de ce cloaque où finit la pauvre Marie.

À Paris, tout s’enchaîne ainsi d’une manière normale et nécessaire.

Paris est un, par cette raison qu’il est le diminutif, le résumé, la réduction complète et rigoureusement exacte du monde, et que le monde est un. Il n’y a en cet univers de parfaitement un que le monde et Paris.

Partout ailleurs vous trouverez des lacunes qui constituent des séparations forcées. Il manque un ou plusieurs éléments.

Paris, possédant tout, ne manque de rien, comme disait ce grand logicien, M. de la Palisse. En conséquence, point de lacune possible.

L’échelle des êtres y possède tous les échantillons créés. C’est un grand corps que ce Paris, un corps où la vie circule comme dans nos propres veines.

M. le comte est un des cheveux qui ornent le front du colosse ; Polyte est un des durillons qui démangent la plante de ses pieds. Or, M. le comte s’en va ; Paris devient chauve : mais quel grand pédicure nous débarrassera de Polyte ?


V.

En sorte que les mille drames qui emmêlent à la surface de Paris leurs millions de péripéties tendres ou amères touchantes ou terribles, ne sont qu’un seul et même drame.