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LES NUITS DE PARIS.

— Au revoir donc, reprit-il ; — soyez en santé… mon cœur reste au milieu de vous.

Les trois philosophes s’inclinèrent.

Julien sortit en disant :

— Priez les dieux de m’épargner le fardeau de la puissance souveraine.




Par Jupiter assembleur de nuages ! ce n’étaient pas du moins ces trois augures-là qui se regardaient sans rire.

Dès que les pas de Julien se furent étouffés sur les degrés de granit, le sublime Héliodore, Névita le divin, Aprunculus, qui valait un oracle, tant il était profondément versé dans les sciences auspicinale et aruspicinale, tous les trois, me Hercle ! l’Égyptien, le Germain, le Gaulois, se prirent les côtes et se livrèrent à un convulsif accès d’hilarité.

— Oh ! oh ! oh ! fit Aprunculus, — priez les dieux de m’épargner la souveraine puissance !

— Le bonheur, ô mes amis, dit Héliodore, est loin de la grandeur !…

— Que les dieux, ajouta Névita, — me fassent cadeau seulement d’une chaumière entourée de choux et de navets…

— J’y ferai pondre des poules, reprit le Gaulois.

— J’y multiplierai les lapins domestiques, enchérit l’Égyptien.

— J’y encouragerai, appuya le Germain, — les jeux candides des jeunes veaux !…

Et tous les trois de serrer leurs ceintures, et de se tordre en faisant un crescendo de gorges-chaudes.

Ils imitaient la voix claire et emphatique du césar : ils prenaient ses poses d’académie ; enfin, ils s’amusaient comme des bienheureux, ces trois philosophes.

Quand ils eurent bien ri, Névita dit en coupant un des gigots du mouton divinateur :