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LES NUITS DE PARIS.

était accaparée par une lueur terrestre qui brillait au premier étage du palais des Thermes.

Cette lueur, dont nous avons parlé déjà, qui partait des appartements situés du côté de la Seine.

Il était plus de deux heures après minuit.

Pourquoi cette lueur ?

Les philosophes qui avaient suivi le regard de Julien échangèrent un petit signe de tête moqueur.

— La noble Hélène, dit Aprunculus, s’endort bien tard cette nuit… Sans doute, elle s’entretient avec sa compagne Sevéra de la gloire de César et du bonheur de sa couche…

— Ou peut-être, interrompit Héliodore, — interroge-t-elle aussi l’avenir pour saluer d’avance les grandeurs promises à son époux…

Le front de Julien était devenu tout à coup soucieux.

— L’oracle a parlé de bonheur, murmura-t-il, continuant par habitude de jouer la comédie, même vis-à-vis de ses complices ; et le bonheur, ô mes amis, est loin de la grandeur…

Il s’arrêta avant d’avoir chanté son inévitable refrain : Que les dieux me donnent une chaumière, etc.

Cela dénotait chez lui une puissante préoccupation.

Malgré lui, son regard revenait toujours à cette lueur faible qui vacillait derrière les draperies du premier étage.

— Tirerons-nous cette nuit les sorts Virgiliens ? demanda Névila.

Le césar secoua la tête.

— Le cours des astres, répliqua-t-il, marque la deuxième heure écoulée… Livrez-vous, ô mes amis, à l’étude chérie et bénie des immortels… moi, j’ai d’autres soins, et la destinée jalouse n’a point voulu me laisser ces studieux loisirs… Le reste de ma nuit appartient à mes devoirs de césar.

Il redescendit l’escalier.