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LES NUITS DE PARIS.

éloignent de moi cette coupe amère qu’on appelle le pouvoir souverain… qu’ils me donnent la félicité obscure et la pauvreté des sages !

— Julien disait cela, — Julien !…

Mais seigneur Dieu ! pourquoi se priver de ces momeries puisque l’univers s’y laisse prendre toujours !

On monta processionnellement l’escalier qui conduisait à l’ouverture supérieure. Julien et ses acolythes se trouvèrent en plein air sur une espèce de terrasse qui dominait tout le palais et qui servait d’observatoire.

C’était au tour d’Héliodore, l’astrologue, qui prépara soigneusement ses outils.

Le ciel était magnifique pour une opération de ce genre ; une nuit noire où les étoiles scintillaient comme autant de diamants.

Comme les deux autres philosophes s’entretenaient à voix basse, Héliodore leur imposa silence, et dit :

— Implorez Mithra, le Dieu-Tout !

Et il ajouta en dressant sa mécanique :

— C’est à nous que les galiléens voleurs ont emprunté leur mystère de l’Incarnation !… Mithra est l’absolu-Dieu, qui engendre sans contact avec la femme, le Soleil-Roi, son fils unique, régulateur de l’intelligence, maître de la matière, prototype des formes, archétype des idées…

Les pinnules présentaient leurs petits trous ronds selon la ligne de …l’alidale ou règle tournante.

Héliodore commença ses observations.

Ce qu’il dit, chacun le devine. Les astres condescendaient à confirmer le témoignage de la poitrine du mouton.

Toutes les constellations, mises en demeure d’exprimer leur opinion, répondirent : ça va bien.

Du moins Héliodore traduisit ainsi leur profond silence.

Mais Julien était devenu tout à coup distrait.

Il s’occupait médiocrement des étoiles du ciel, et son attention