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LES NUITS DE PARIS.

Julien, ce tartufe quadruple, avait eu l’art de se faire espionner !

Tartufe qu’on espionne devient tout à coup invincible, car il gagne les espions et fait croire à Orgon tout ce qu’il veut.

Orgon, c’était Constance-Auguste.

Héliodore, Aprunculus et Névila faisaient à Constance des rapports qui étaient dictés par Julien lui-même.

Et tandis que Julien écrivait à son empereur des missives modestes, Névita, Héliodore et Aprunculus disaient à ce même empereur : Auguste ! prends garde.

Tout cela pour arriver à lui arracher l’édit qui exilait les cohortes gauloises.

Ce que devait produire cet édit, Julien et ses âmes damnées le savaient.


Mais on n’était pas là pour causer seulement. Il fallait faire un peu d’aruspicine, car Julien était aussi franchement superstitieux que nos portières, clientes des somnambules et des devineresses.

Aprunculus prit un oiseau dans la cage, l’éventra selon l’art, de manière à ce que son sang tombât dans l’auge de pierre qui était au-dessous de l’autel de Jupiter. Julien et ses trois acolythes se penchèrent avidement sur les entrailles fumantes.

Ce premier poulet ne dit rien.

On exécuta une nouvelle volaille dont le gésier se tut également.

Ædepol ! Verum enim vero ! Aprunculus plongea son couteau de cuisine dans l’estomac d’un mouton de présalé, qui bêla, la pauvre bête. — Julien s’agenouilla pour mieux voir.

Ammien Marcellin, Sozime et Julien s’accordent à dire qu’Aprunculus était sans rival pour interroger l’autopsie d’un mouton de présalé.