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LES NUITS DE PARIS.

obscur, au gymnase d’Athènes, pour faire de lui l’héritier du trône et le second pouvoir de l’empire, le mari de la noble Eusébie, qui protégeait Julien depuis son berceau, le frère d’Hélène qui était la femme de Julien !

Et sa seule crainte, à Julien, était que cet ordre provoqué perfidement n’arrivât pas !

Et sur la foi de coquins stipendiés tels que les panégyristes Eunape, Mamertin, Libanius, rhéteurs, c’est-à-dire menteurs, voilà que quatorze siècles ont regardé Julien comme un cœur simple, austère et dépourvu d’ambition !

Voilà que les sots et les sophistes l’ont comparé à Marc-Aurèle !

Voilà que d’honnêtes historiens ont hésité à flétrir la mémoire de cet histrion couronné ! voilà que les bonnes gens surnaïfs, de la force de M. Dulaure, ouvrent une bouche immense et s’écrient : celui-là était un sage !

Malheureux que nous sommes ! l’histoire entière du genre humain, nous l’avons apprise ainsi dans les collèges de l’université. Nous avons bu sans savoir le vin falsifié de l’enseignement athée, et il nous a fallu de longs jours pour nous guérir de cette lèpre, gagnée dans les écoles !

Oh ! n’envoyez pas ! n’envoyez pas vos fils étudier chez les disciples de Julien l’Apostat !


III

Il faut bien dire enfin quel métier faisaient auprès du César ces trois vertueux personnages, Héliodore le sobre, Névita le continent et Aprunculus le désintéressé.

Ils étaient espions de Constance-Auguste.