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INTRODUCTION.

Si Marie ne meurt pas en chemin, Marie descend jusqu’au fond de ce Tartare.

Et c’est là qu’elle meurt, brûlée d’alcool ou tuée par un coup de pied de forçat, la blonde Marie, le pauvre bel ange de la mansarde, qui travaillait de si grand cœur !

Si la mère de Marie lui avait enseigné le nom de Dieu, peut-être que Marie serait encore dans la mansarde honnête.

Mais les philosophes et les chansonniers ont rendu païen le peuple de Paris.

La mère de Marie ne savait plus le nom de Dieu.


IV.

De la Chaussée d’Antin opulente aux misères du faubourg Saint-Marceau, de la noble rue de Varennes à la barrière du Trône, du Roule, cette patrie des élégances diplomatiques, jusqu’aux bouges hideux du quartier Saint-Jacques, quelle variété prodigieuse d’aspects, de faits, de passions et de physionomies !

Que d’événements multiples et rehés cependant par une foule d’invisibles nœuds ! Que de drames noués contemporainement et dont les intrigues diverses se croisent et se compliquent !

Marie, tenez, Marie, cette chose qui traverse tous les jours la profondeur entière de notre civilisation, depuis la première couche jusqu’à la dernière, comme un caillou, sollicité par la loi de gravitation, tombe nécessairement au fond de l’eau, — Marie, ce type éternellement misérable qui passe, dans nos mœurs, comme un véritable objet de consommation, et qui s’use à l’instar de tout autre objet matériel : chemise, paire de bottes ou chapeau Gibus, — Marie n’est-elle pas le lien fatal qui unit le sommet à la base ? M. le comte, l’illustre dandy, à Polyte, l’ignoble coquin ?

Notez que les vieilles bottes et les vieux chapeaux de M. le comte,