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LES NUTIS DE PARIS.

C’était le principal instrument astronomique du temps.

Le second avait les cheveux roux et hirsutes. On n’avait qu’à le voir pour reconnaître en lui le type germain. Sa tête ressemblait à un paquet de broussailles. Il avait un livre à la main et une faucille d’or.

Il s’appelait Harminius Nevita.

Le troisième était un Gaulois aux cheveux blancs, qui amenait en laisse deux brebis et qui portait des oiseaux dans une cage. — À sa ceinture pendaient les couteaux recourbés des sacrificateurs aruspices.

Son nom était Aprunculus.

L’Égyptien astronome se nommait Héliodore.

Le dormeur avait passé sa main sur ses yeux enflammés. Il toucha son oreiller baigné de sueur, secoua la tête et se leva d’un bond.

Celui-là était un jeune homme. Il paraissait avoir tout au plus vingt-huit ans. Il avait le front blanc, mais osseux et bombé ; sa chevelure flexible et d’une finesse extrême ondulait en anneaux mobiles sur ses oreilles et sur ses tempes. Sa tête s’inclinait de côté comme si elle eut fléchi déjà sous le poids d’une pensée trop lourde. Ses traits assez réguliers avaient une sécheresse austère et ses yeux, brillants ou plutôt brûlants, blessaient le regard comme la pointe d’un couteau.

Quand il fut sur ses jambes trop courtes, on put remarquer dans sa démarche un balancement bizarre et presque incessant ; vous eussiez dit que ses muscles révoltés voulaient diriger son corps d’un côté, tandis que sa volonté le menait de l’autre. C’était un pas tressaillant et heurté. On s’attendait presque à entendre ses jointures craquer comme celles des bêtes fauves.

Il était fort, cependant, et ses larges épaules, disproportionnées à l’exiguité de sa taille, annonçaient une vigueur peu commune.

Je ne sais pas pourquoi la petitesse physique m’effraie et me