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LES NUTIS DE PARIS.

Et tout ce fretin des dieux sans prétention : les fleuves, les faunes, les silvains, les satyres, — Pan avec son flageolet, les Muses avec leurs outils divers, les grâces, les nymphes, les naïades.

Puis Odin le sanglant, les Walkiries glissant dans la tempête.

Puis Bel, — et le veau d’or, — et Jehovah, — et Satan.

Puis Tentâtes et Tarran, les Jupiter des Gaules.

Hésus, Tarv, Cernunnos, — Jou, le dieu voilé des neuf prêtresses.

Puis encore Osiris, fils de Mithra, Isis, Apis, Anubis.

Et d’autres.

Un cabinet complet de curiosités mythologiques.

Autour de la salle, dont les murailles figuraient une suite d’arceaux surbaissés, un rang de piédestaux en forme de colonnes doriques supportait les bustes des philosophes célèbres.

Il n’y avait pas plus d’exclusion pour les philosophes que pour les dieux.

Socrate coudoyait Épicure ; Diogène regardait la courtisane de lettres Leontium, qui faisait les yeux doux à Empédocle, lequel contemplait Démocrite tirant la langue à Héraclite.

Aristippe jetait à Zenon ses regards superbes ; Pyrrhon se moquait de Pythagore, le tendre ami des fèves.

Et, le croiriez-vous, Érostrate était là, le destructeur du temple d’Éphèse.

Et aussi Jésus-Christ !

L’homme qui avait orné ce grenier solennel était évidemment le plus effréné des éclectiques.

À partie trophée d’armes, les figurines, les statues, une clepsydre ou horloge d’eau, un large bassin d’airain placé au chevet du lit et trois ou quatre sièges de bois grossier, la salle était complètement nue.

On montait à l’ouverture de la voûte par des degrés placés derrière l’autel. Le vent s’engouffrait par cette voie béante. Il faisait un froid glacial.