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LES NUITS DE PARIS.

pal ; l’autre se montrait à un étage inférieur sur la face du bâtiment qui regardait la Seine.

Nous irons d’abord à la première qui était une lampe d’airain, dont le pied représentait deux sirènes accouplées et qui éclairait une énorme salle voûtée, portant à son milieu une large ouverture.

Cette ouverture laissait voir les étoiles scintillant sur l’azur assombri du ciel.

Il y avait dans cette salle un lit à fleur de terre et au-dessus du lit un trophée composé d’un glaive court, d’un bouclier romain et de plusieurs javelots.

La lampe d’airain, haute comme un homme, était à quelques pas de là, près d’une manière d’autel païen où le buste de Jupiter, surmonté des emblèmes du dieu égyptien Mithra, s’entourait d’une multitude de figurines en marbre et en bronze, représentant tous les dieux sortis du cerveau de l’homme.

Les dieux grecs, les dieux romains, y compris même ces dieux empereurs qui faisaient de si laides grimaces au moment de gagner l’olympe, — les dieux gaulois, les dieux germains, — les dieux d’Afrique et les dieux d’Asie.

Saturne, le vieux vorace, qui mangeait ses enfants, comme font encore de nos jours les lapins qui ont mauvais cœur, Neptune, qui est retombé en enfance pour devenir élève de l’école polytechnique, — Mars et Vulcain avec Vénus entr’eux deux, — Pluton, Mercure, dieu des boutiques et des bagnes, — Apollon, inventeur de la guitare, — et Junon la grosse jalouse, et Cérès, et Pallas l’ennuyeuse, et Iris, la vieillote enfant ;

Et l’Amour, malade de son ophthalmie chronique, l’Amour avec son petit arc, ses petites flèches, ses petits mollets trop gras, tout son petit embonpoint que l’affreux Priape, maigre comme un clou, regarde avec des yeux de chèvre ;

Et Bacchus, le beau jeune homme, et Silène son maître d’études, et l’âne, professeur de Silène.