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LES NUTIS DE PARIS.

de jeux. Il préférait persécuter les évêques catholiques et forcer les officiers de son palais à déclarer que Jésus-Christ n’était pas Dieu.

Mais bien l’émanation de Dieu.

Quand il avait contraint une douzaine de pauvres diables à renier le mystère de la Trinité, il était bien aise, l’empereur Constance, — et il assassinait quelqu’un de ses neveux pour passer le reste de sa soirée.

C’était un hérétique d’agréables mœurs. La preuve, c’est que, quand les parents lui manquaient, il étranglait des gens qui n’étaient même pas de sa famille.

Les mœurs du temps se prêtaient à ces délassements. Le grand Constantin avait achevé son règne dans une mare de fange ensanglantée.

Mais le christianisme, vainqueur des hérésies folles et des empereurs misérables, s’élançait d’un mouvement si beau vers la domination universelle, qu’on pouvait regarder ces tragédies comme la suprême convulsion d’une société morte dans son infamie. C’était l’alliance adultère des mœurs païennes et d’un semblant de foi viciée.

La vraie foi grandissait. La croix brillait au labarum. Encore quelques jours, et le baptême allait purifier le monde.

Les deux tiers de l’empire étaient chrétiens. Les hérésies elles-mêmes prouvaient la force de la religion nouvelle, qui soutenait à la fois, victorieuse, le choc du paganisme en fureur et l’attaque perfide de ses propres enfants révoltés.

Les soldats gallo-romains, à qui le césar avait fait faire, ce soir même, une distribution extraordinaire de vivres et de vin, ne causaient point doctrine, assurément ; mais ils faisaient de la politique à leur manière.

Et il n’était pas très-difficile de voir que cette politique ne sortait pas tout armée de leur cerveau épais. Quelqu’un avait dû en