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LES NUITS DE PARIS.

Entre cette cité improvisée, qui débordait le camp et la rive gauche du fleuve, il n’y avait rien que des sépultures et des guérêts confinant aux murs du jardin de César.

À l’opposé, jusqu’au versant méridional du mont Cétard, les Arènes, autre dépendance du palais, s’étendaient, closes de murailles et environnées de gradins.

Quant au Paris gaulois, quant à Lutèce, la ville proprement dite, elle était toujours enserrée dans les limites de sa petite île, trop grande encore pour les rares cabanes qui la parsemaient.

Il y avait pourtant un palais romain à la place de la forteresse de troncs d’arbres. C’était là qu’habitait le préfet du prétoire.

Du côté du nord, le jardin des Thermes n’avait point de clôture. Le bras de la Seine seul séparait le palais des habitations parisiennes.


On pouvait remarquer dans le camp une animation inaccoutumée. Dans l’après-midi, les Bataves et les Hérules étaient revenus du pays de Vannes, où ils avaient fait la guerre, et ils rapportaient d’étranges nouvelles.

L’empereur Constance, du fond de sa cour de Milan, foyer de l’hérésie arienne, prétendait précipiter la Gaule sur l’Orient et envoyer les légions de Julien contre les Perses.

Il s’ennuyait, cet empereur, des défaites répétées de ses légions italiennes, grecques, carthaginoises, macédoniennes ; il voulait mettre d’un même coup les Perses à la raison et le césar Julien dans l’impossibilité de remporter de ces grandes victoires qui le faisaient mourir de jalousie, lui, l’empereur Constance.

Car Julien, tout rhéteur qu’il était, tout empoisonné de lettres grecques et de mystères égyptiens, avait de belles qualités militaires. Sa guerre contre les rois germains n’était qu’une suite de triomphes achetés chèrement et de batailles vaillamment gagnées.

Constance, l’empereur, n’aimait pas, de sa personne, ces sortes