Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
viii
INTRODUCTION.

Mais, un matin, monsieur le comte frappé en pleine poitrine par une lettre de change, meurt à la vie fashionable.

N’y a-t-il pas le baron, là, tout près ?

Ô Marie ! le bout de vos doigts est guéri ; vous vous appelez madame de Saint-Théodoric ; c’est un assez joli nom, Marie.

Mais du comte au baron, il y a déjà un pas, et ce n’est point un pas en avant.

Au contraire.

Le baron a dix ans de plus que le comte. Il y a dix ans, le baron fut ruiné comme le comte. Depuis ce temps, le baron s’occupe à ruiner les comtes qui arrivent.

Quand le baron a touché une femme, Marie, la femme perd cent pour cent.

Après le baron, c’est à peine si l’agent de change est possible !

Belle figure d’homme, pourtant, l’agent de change ! Favoris anglais, mains blanches et grasses, bague au petit doigt.

La bague vaut quelquefois dix mille écus. — Vingt-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf francs quatre-vingt-dix-neuf centimes de plus que l’homme.

Et cependant l’homme vaut douze courtiers marrons qui valent chacun la douzième partie d’un marron d’Inde.

Ô Marie, après l’agent de change, vous glissez bien souvent jusqu’au réfugié italien !

Cela vous remet un instant à la mode, car le réfugié italien aime à se rendre utile aux dames ; — mais il coûte bien cher.

Si cher que le Polonais, parfois, lui succède d’emblée.

Marie, Marie, où allez-vous !…

Où est votre chasseur, Marie ? — Ne vous ai-je point rencontrée en voiture de louage ?

Quelquefois, si c’est une année d’exposition des produits de l’industrie, un riche bonnetier de Rouen, un opulent Nantais, mar