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LES NUITS DE PARIS.

La démocratie marche vers un avenir qui peut être glorieux.

Le royalisme nouveau cherche à concilier les conquêtes du présent avec les splendeurs du passé.

Le socialisme démolit, espérant sans doute reconstruire. Le catholicisme étaie, pour ne pas démolir.

Mais le bourgeoisisme enfonce son bonnet de coton sur ses gros yeux et dit : Dieu n’est pas puisque je ne l’ai jamais rencontré sur le boulevard Saint-Martin.

Ses cantiques sont les chansons phalliques ou chauvines de M. de Déranger ; sa foi pohtique oscille suivant le cours des pruneaux.

Toute révolution se fait par le bourgeoisisme qui verse des larmes idiotes sur toute révolution faite.

Autour du bourgeoisisme, il y aies professeurs, comme il y a les chacals autour des cimetières africains.

Et tout cela répète, sur l’air de la Parisienne : César est un coquin ; Julien l’Apostat est un sage ! À bas Notre-Dame ! vive le Panthéon !

Par un effronté mensonge, eux qui s’en vont par morceaux, tout raccornis et décrépits, vous les entendez crier au peuple : Nous sommes jeunes ! nous sommes forts !

N’est-ce pas affaire à un moribond d’être obligé de crier bien haut pour qu’on ne le croie point trépassé : — Je suis encore en vie !

Les uns s’accrochent à quelque chaire mal entourée. — Parodiant Grotius dans le bas-comique de leur éloquence, ils s’intitulent libres penseurs ; ou bien ils montrent le poing au vieux suisse de quelque cathédrale en travestissant le mot de Mirabeau.

Les autres, revenus déjà du coup de mailloche de Février, recommencent à balbutier la langue ignoble de juillet. Argent, argent, argent, — intérêts respectables !…