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LES NUTIS DE PARIS.

homme qui a fait le livre le plus pitoyable et le plus admiré des bonnetiers, — ce bon M. Dulaure, qu’il faut cependant relire quand on parle de Paris, car il est l’expression la plus exacte du génie de la rue aux Ours, qui est la seule vraie rue de Paris, — ce bon M. Dulaure déclare tout net que Jules César était un fléau et que Julien l’Apostat était un sage.

Il est vrai que ce même excellent M. Dulaure avoue que Notre-Dame de Paris est un édifice d’assez mauvais goût, auquel il préfère de beaucoup le Panthéon.

Or, M. Dulaure n’est pas seulement un écrivain parlant avec pesanteur et naïveté le français troubadour des premières années de ce siècle, c’est encore une personnification très-probe et très-honorable de ce béotisme révolutionnaire qui nous a placé si bas parmi les nations, — nous, les premiers hier !

M. Dulaure est un esprit très-mal fait, mais très-modéré dans sa démence compassée ; M. Dulaure est un lettré qui a fait d’immenses recherches avec de mauvaises besicles ; il exprime son opinion toujours ridicule avec une très-louable dignité ; il n’a aucunement le sens du beau, mais il a lu quelque petit traité d’architecture, écrit dans le style de l’art d’élever les lapins, et il parle avec aplomb frontons, ordonnances, péristyles ; il a l’orgueil modeste du fort-en-thème ; tout ce qu’il ne comprend pas est barbare, et il ne comprend que ce qui est païen.

Si l’on pouvait appliquer aux monuments les mêmes épithètes qu’aux hommes, M. Dulaure vous dirait que l’édifice de Notre-Dame est, comme Jules César, un fléau, et que le Panthéon est un sage, à l’instar de Julien l’Apostat.

C’est là que nous en voulions venir.

En ce monde, il n’y a qu’une chose radicalement haïssable : c’est l’école bourgeoise ou universitaire, l’école éclectique, l’école négative : le juste milieu, pour ressusciter un mot enseveli dans la honte.