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LES NUTIS DE PARIS.

XII

Quand Ar-Bel et Ghella eurent une cabane où abriter leurs amours, ils élevèrent un tombeau modeste à la place de ce nid de mousse qui les avait réchauffés, heureux enfants.

Un tombeau pour Œlian et pour Mysœïs, l’affranchi et l’esclave de César.

Ils venaient parfois s’asseoir sur la pierre.

Le temps passa. — Leurs cheveux blanchirent.

Ils n’oublièrent point OElian et Mysœïs.

Et pendant qu’ils parlaient des ans écoulés, de nobles chiens, postérité demi-sauvage de Vorax et de Vultur, bondissaient dans les hautes herbes à l’entour.

Les grands chênes tombèrent pour faire place aux moissons ; à la place des moissons, les demeures des hommes s’élevèrent.

Ar-Bel et Ghella étaient morts depuis dix siècles.

Il y avait encore, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève, un carré de granit rugueux qui s’appelait : le Tombeau de l’Esclave…


Quant à Caïus Julius Cæsar, nous n’apprendrons à personne qu’il subjugua les Gaulois, défit les Germains et soumit la Grande-Bretagne, — qu’il passa le Rubicon pour punir son gendre Pompée et le sénat de Rome, — qu’il vainquit en Espagne Afranius et Varron, les lieutenants de Pompée, — et Pompée lui-même en Macédoine, à la fameuse bataille de Pharsale.

On dit qu’ayant appris à Alexandrie que Pompée avait été tué, il versa des larmes. C’est bien possible.

Cela ne l’empêcha pas de conquérir le Pont, l’Égypte, l’Espagne et l’Afrique romaine.