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LES NUTIS DE PARIS.

Dans le bois du lit, il y avait une hache à long manche qui tremblait encore.

C’était cela qui avait passé en sifflant devant le visage de Corvinus.

Ghella s’était levée radieuse.

— Ar-Bel !… Ar-Bel ! cria-t-elle.

La clameur lui répondit, mais cette fois bien prochaine. — C’était le chant de guerre des Gaulois Parisiens.

— Mon père ! disait Ghella ivre de joie ; — mon père et mon époux !…

Corvinus éteignit la lampe.

Il était temps.

Une silhouette sombre se découpa dans le cadre de la fenêtre.

Ar-Bel était dans les bras de Ghella…


Jules César avait dit au centarque Caius Corvinus, qui avait sollicité l’honneur de rester le dernier dans Lutèce avec sa centurie de triaires :

— Tu couperas le pont et tu te laisseras dériver avec les bateaux jusqu’aux îles qui sont derrière le mont de Mercure… Là, tu retrouveras la légion.

César parlait sans doute des îles Saint-Ouen et Saint-Denis, dont les noms primitifs ne sont point parvenus jusqu’à nous.

Corvinus avait répondu :

— J’ai compris.

Il n’y avait eu que ces paroles d’échangées entre le général et le subalterne.

Par le fait, un chef donne des ordres et n’explique pas ses plans stratégiques aux sous-lieutenants de son armée.

Si Caïus Corvinus eût obéi à César purement et simplement, il