Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
LES NUITS DE PARIS.

Corvinus, haletant, ne riait plus. Des gouttes de sueur froide étaient à ses tempes.

— Écoute, dit encore Mysœis, cela me fait du bien d’avoir renvoyé cet enfant, le blond Ar-Bel… Je prie les dieux de lui être favorables.

— Et moi, répliqua Œlian, je suis heureux d’avoir laissé l’épouse à l’époux… Que le destin leur soit propice !

— Œlian, tu as un noble cœur !

— Mysœïs, tu étais bonne autant que belle !

Leurs voix faiblissaient.

Ils se regardèrent et ne se virent plus.

— Où es-tu, Œlian ?

— Mysœïs, Mysœïs, où es-tu ?…

Leurs mains déjà froides se cherchèrent une dernière fois et se trouvèrent.

— César ! dieu puissant, dirent-ils avec le premier effroi de la mort, — protège ceux qui n’ont pas voulu vivre après toi !…

Puis, Mysœïs murmura :

— Adieu, mon Œlian, je t’aimais !

— Adieu, répondit Œlian ; adieu, Mysœïs, je t’aime !

Puis, le silence, et la dernière goutte de sang pâli…


La lampe tremblait au plafond. — Les cassolettes jetaient dans l’air leurs tièdes parfums.

Vorax léchait les blessures de Mysœïs. — Vultur, le museau renversé en arrière» lançait vers la voûte, un hurlement long et lugubre.

Œlian et Mysœïs étaient étendus, morts, l’un auprès de l’autre.