Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
LES NUITS DE PARIS.

— Laissez-nous, centarque, dit-il.

Corvinus obéit aussitôt, feignant de respecter cette grande douleur.

Il sortit, — mais il demeura en observation derrière la claire-voie.

Et vous eussiez lu sur son grossier visage la satisfaction qu’il avait d’avoir si bien joué son rôle.


XI

Œlian et Mysœïs restèrent longtemps à contempler en silence le glaive rougi du sang de César.

Puis Mysœïs dit :

— Ceux qui ont appartenu à César ne doivent point survivre à César.

Son front était fier et son œil brillait.

L’enthousiasme qui débordait de son cœur monta au cerveau d’Œlian.

— Mourons par le même glaive que César, s’écria-t-il, et que son sang divin se mêle à notre sang !

Mysϕs baisa le glaive, et appuyant le tranchant contre son bras nu, elle fit glisser la lame.

Un jet de sang s’élança hors de la veine ouverte.

— À moi ! à moi ! s’écria Œlian.

Mais Mysœïs, souriante et charmante, avant de passer à l’affranchi l’épée de César, s’ouvrit encore la veine de l’autre bras.

L’eau de la piscine devint rosée.

Les chiens inquiets flairaient au vent et s’agitaient.

Corvinus se frottait les mains derrière la claire-voie aux barreaux d’airain.