Page:Féval - Les Nuits de Paris - 1880, volumes 1 et 2.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
LES NUITS DE PARIS.

Ils l’avaient humilié, insulté, foulé aux pieds, lui, un citoyen romain.

Quand il aimait, ce centarque, nous savons qu’il se servait du pommeau de l’épée ; c’était bien le moins qu’il usât de la pointe quand il haïssait.

Quant à ses quatre triaires, c’étaient de vieux coquins, durs comme caillou, et qui ne se souvenaient plus d’avoir eu jamais un cœur.

Corvinus les avait amenés principalement pour avoir raison de Vultur et de Vorax qu’il ne se souciait plus d’affronter en personne.

Pour commencer, le glaive de César se plongea jusqu’à l’or de sa garde dans la poitrine de l’esclave endormi à la porte des thermes. Le pauvre esclave ne s’éveilla même pas, et si la doctrine de nos maîtres d’études est vraie, il ne fit que changer de sommeil.

Corvinus et ses quatre affidés s’avancèrent à pas de loup vers la salle de bains.

— Quand l’esclave de César sera morte, demanda un triaire qui avait fait les guerres d’Espagne et d’Afrique, — sera-t-elle à nous, centurion ?

Corvinus n’était pas assez méchant pour refuser une demande si modérée.

Il répondit affirmativement, et cela parut faire grand plaisir aux quatre soldats, qui étaient philosophes.

L’avenir de la belle Mysœis était donc désormais assuré.

— Dès que nous aurons achevé notre tâche, dit Corvinus, nous irons nous étendre sur les lits vides de la salle des festins. César n’a pas eu le temps de prendre son dernier repas… Je sais où sont les vins choisis… Avant de rejoindre la légion, nous avons la nuit devant nous… Il faut que la nuit soit belle !

Les quatre triaires auraient poussé un cri de joie, si la main