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LES NUITS DE PARIS.

Le centarque sourit et s’empara de l’épée en disant :

— Ce glaive qu’ils ont donné, je vais le leur rendre !


X

Ce n’étaient pas ces thermes de Rome maîtresse des peuples, palais somptueux et fiers, grande comme la grandeur romaine ; — ce n’étaient pas même ces thermes plus modestes, bâtis deux cents ans plus tard par l’empereur Constance Chlore sur la rive gauche de la Seine, et dont nous connaissons les ruines sous le nom de Thermes de Julien.

Jules César n’avait pas eu le temps d’élever des palais à Lutèce.

C’était une salle de bains toute simple et presque rustique, où l’eau du fleuve, chauffée à son passage dans des chaudières invisibles, arrivait jusqu’à la piscine de granit par des bouches d’airain luisant.

Une lampe pendait à la voûte.

Deux larges cassolettes brûlaient des parfums.

Œlian et Mysœïs, demi-nus et couverts seulement du voile de laine fine qui remplaçait notre peignoir, étaient étendus dans la piscine.

L’atmosphère tiède et chargée de parfums humides pesait sur leurs yeux endormis.

— César est invincible ! disait Mysœïs comme en un rêve ; — dans quelques mois, les Gaules seront soumises… dans quelques mois, nous reverrons Rome bien-aimée !

— Puisses-tu dire vrai ! répliquait Œlian.

— Je reparaîtrai sur les gradins du cirque, parmi mes rivales vaincues… car le pâle soleil des Gaules a blanchi mon sein, n’est-ce pas, Œlian ?

— Ghella seule est plus blanche que toi, Mysœïs.