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LES NUITS DE PARIS.

les barques dans la basse Seine, avec sa centurie et quelques bataillons de Gaulois alliés.

César et sa légion s’éloignèrent, au son des instruments guerriers, dans la direction du pays de Meaux.

Caïus Corvinus rentra dans Lutèce.

Et quand la légion eut disparu au détour de la voie, sa poitrine s’enfla, il se redressa et dit :

— Nous verrons si les esclaves et les chiens dévoreront le citoyen romain, ou si le citoyen romain donnera aux oiseaux de proie les chiens et les esclaves !


Comme Caïus Corvinus rentrait dans l’enceinte abandonnée du camp, ses émissaires vinrent lui dire qu’ils s’étaient emparés de Ghella.

Le centarque promit un bélier au dieu Horus et se dit :

— Je vois bien que le destin est pour moi !

À la question de ses soldats, qui lui demandaient où il fallait mettre Ghella, il répondit :

— Dans la retraite d’Œlian et de Mysœïs.

— Œlian et Mysœïs sont au bain, c’est vrai, lui fut-il objecté ; mais quand ils rentreront ?

— Ils ne rentreront pas, répliqua Corvinus.

Il avait pris une tournure et un ton d’empereur.

De fait, il était le maître dans cette petite île où était son univers : son amour et sa vengeance.

Il se rendit au palais. — Il entra dans l’appartement de César.

À la muraille, il vit un glaive à garde d’or qui pendait, oublié sans doute.

Sur le plat de la lame, ces mots étaient gravés en caractères grecs :

« À Caïus Julius Cæsar, Œlian et Mysœïs. »